Un mois après la mort de Mahsa Amini le 16 septembre dernier, la situation en Iran n'en finit pas de s'embraser. Ce mardi 25 octobre, des nouveaux mouvements de révolte étudiants et lycéens ont eu lieu. Ils sont survenus en réponse à des actes de maltraitance (fouilles au corps inopinées, violences physiques) de la part des forces de sécurité sur des jeunes filles du lycée d'art Shahid Sadr à Téhéran.
Malgré la répression et la censure, les mobilisations persistent au niveau international, notamment en France, comme à Rennes le 15 octobre dernier. Dans la capitale bretonne, la voix des iraniennes continue d’être portée. Pour preuve, un concert est organisé au sein de l’université Rennes 2, au Tambour, le 26 octobre à 19 h. Il est intitulé “Femme, vie, liberté”. A la veille du concert, deux étudiant.es iranien.nes de Rennes 2, Sepas Sadrenoori et Alma Askouei, expliquent à notre micro les difficultés des étudiant.es iranien.nes en France, sans oublier d'évoquer les étudiant.es resté.es là-bas.
Iels sont plus d'une centaine à Rennes : les étudiant.es iranien.nes souhaitent renforcer les liens entre elleux, mais aussi avec les autres étudiant.es. Depuis 2015, Alma Askouei étudie à Rennes 2, et effectue un master de création numérique, après avoir été diplômée ici même en arts plastiques. Sepas Sadrenoori, pianiste et compositeur de formation, est en France depuis qu'il a 17 ans. Il s'y sent intégré, d'autant plus depuis le début des mouvements de protestation en Iran.
"Dans ma promotion, en L3 de musicologie, j'ai l'impression d'avoir une grande famille, depuis ce qu'il se passe en Iran. Ils nous ont soutenu, et ça me tient vraiment à cœur."
Un soutien d'autant plus important que la censure étouffe leur pays, ce qui passe par une très nette diminution des réseaux de communication, et donc une difficulté importante pour contacter leurs proches.
"Au début j'appelais mes parents avec mon portable, ça marchait une fois sur 4, puis j'ai vu la facture augmenter aussi... On utilise des plateformes pas encore bloquées, et des VPN. Quand on appelle nos familles, on a l'impression de parler à des robots, car ça coupe en permanence."
En Iran, de plus en plus de grèves ont lieu, notamment dans des universités prestigieuses de la capitale, Téhéran. La situation laisse présager des nouveaux mouvements de répression. De plus en plus d'étudiant.es iraniens souhaitent fuir leur pays. Une situation qui ne date pas de septembre dernier, car les perspectives d'avenir paraissent souvent très limitées en Iran, spécialement dans les carrières artistiques. De ce fait, le concert n'est qu'une première étape : Sepas et Alma, tout comme leurs collègues musicien.nes, souhaitent attirer l'attention du réseau Campus France, pour faciliter les démarches administratives qui permettraient à d'autres jeunes iranien.nes de s'installer dans l'hexagone.
"En ce moment, à cause du mouvement actuel, les ambassades limitent beaucoup les démarches d'échanges en Iran. Ça veut dire moins de rendez-vous, plus de critères pour avoir un visa, et donc moins d'étudiants. On voudrait qu'ils repoussent leurs deadlines, car avec la coupure d'Internet, des étudiants n'ont pas pu constituer leur dossier."
Pour Alma et Sepas, l'objectif du concert est simple : "découvrir la musique persane, et soutenir ce mouvement, ce projet." . Pour ce faire, rendez-vous au concert de soutien au peuple iranien, "Femme, vie, liberté" : C'est gratuit, et ça se passe demain, au Tambour, dans le Bâtiment O de l'université Rennes 2, à partir de 19h !