A l'université Rennes 2 va se tenir sur deux jours un colloque international sur l'usage du numérique et de la robotique par les personnes autistes et les praticiens. De nombreux intervenants rythmeront ces deux journées dont le programme s'annonce très riche. Myriam Chérel, maîtresse de conférence en psychopathologie à l'université Rennes 2, également responsable du GRA, Groupe recherche Autisme, organise l'événement. Entretien.
Le numérique pour ouvrir les possibilités
Pour les personnes autistes, pour qui la communication avec les autres peut être compliquée, le numérique peut élargir les horizons, en facilitant le contact ou l’apprentissage. Les autistes, comme tout un chacun aujourd’hui, utilisent les outils numériques (smartphone, appareil photo, ordinateur) et se les approprient. Pour certains, le numérique permet d’explorer et de multiplier les dimensions d’une passion. Un géographe et artiste, traite la géographie par les villes olympiques en réalisant des montages vidéos, présentera son histoire et ses œuvres. L’importance de la passion avait d’ailleurs déjà été évoquée en 2015, lors d’un colloque sur l’Affinity Therapy qui s’était tenu à l’université Rennes 2 également. L’Affinity Therapy, ou thérapie par l’affinité, a été développée après que des parents d’un enfant autiste ont réussi à réinstaurer un dialogue entre leur fils et eux. Ce dialogue, ce sont les films Disney qui l’ont permis. La passion de cet enfant – Owen Suskind, qui a raconté son histoire dans Life, Animated. 2014 – pour les films Disney a été le moyen de briser son silence.
Pour d’autres, comme Théo Fache par exemple, internet est un moyen de développer le contact relationnel. Cet adolescent de 15 ans viendra témoigner de son utilisation des jeux vidéo en ligne, à travers lesquels il a pu se constituer un réseau amical.
« Un robot, c’est un ordinateur avec un t-shirt » d’après Quentin Dumoulin, doctorant au GRA
Le colloque abordera aussi le robot, vu parfois comme « facilitateur pour la rééducation », parfois comme « facilitateur d’interaction » (citation). Or dans les deux cas, il s’agit de considérer l’autisme comme un déficit, ce qui est une erreur. Le robot doit donc être complètement adapté à la personne autiste, et programmable par celle-ci. Mais cette adaptabilité, c’est la caractéristique essentielle de tout objet qui accompagnera la personne.
"Autisme : numérique et robotique : quel partenaire privilégié au 21e siècle ? - Colloque international à Rennes 2 " , jeudi 7 et vendredi 8 novembre 2019, sur le campus de Villejean.