Le graff, le tag, le street art plusieurs mots qui résument une envie: celle de s’approprier l’espace urbain pour rajouter de la couleur, transmettre un message, bref le réenchanter. J'ai rencontré des artistes pour qui une feuille de papier ne suffit pas pour s'exprimer, Aero, ThiagoRitual, Misst1guett et Fortune ont répondu à mes questions au micro de C-lab.
Nous sommes le 8 mai 2019, près de la Cité Judiciaire, des collégiens s’entraînent dans un Skate Park à réaliser les mêmes figures que leurs idoles. Non loin de là, l'artiste urbain Aero s'attaque à son nouveau projet:
Cuisinier de formation, Aero a voyagé pendant quinze ans avant de revenir dans la capitale bretonne. Aujourd'hui, il se consacre à 100% dans son activité de graffeur et travaille sur ses œuvres en plein jour à la vue de tous.
À partir du moment où c'est légal, est-ce toujours du Street Art ?
Dans l'inconscient collectif, quand on parle de graff ou de tag, on imagine un individu opérant de nuit avec une capuche pour masquer son identité. Le grand public aura tendance à qualifier de vandale toute personne se rapprochant de cette définition. Pourtant le vandalisme a pour objectif de nuire au plus grand nombre alors que l'artiste urbain veut avant tout défendre son droit à s'exprimer.
Sans forcément que ce soit dans son intention de base, une oeuvre urbaine peut être d'utilité publique. Par exemple, à partir du 27 mai 2019, la graphiste Misst1guett participe, avec l'artiste Duek, à une résidence à la Maison Bleue pour réaliser une fresque qui fera découvrir la culture mexicaine aux habitants du quartier Saint-Martin. Tout en embellissant les locaux de la Maison Bleue, leur fresque est génératrice de lien social.
Autre artiste, ThiagoRitual vient de São Paulo au Brésil. Après avoir été une figure de la scène artistique irlandaise, il est venu travailler à Rennes et a décidé d'y rester. Il s'est impliqué dans la vie locale en collaborant à des projets sociaux de proximité communautaire comme Imargem et CasaEcoativa. Il continue ses actions avec de nombreux autres projets sociaux pour des enfants désavantagés de la communauté.
Le Street Art semble bénéfique pour Rennes mais est-ce que la Ville soutient les artistes urbains ?
Selon l'artiste Fortune de la Crèmerie, la ville pourrait faire plus. Après avoir été pionnière avec de nombreuses initiatives autour du graff, la Ville a eu tendance à se désolidariser des artistes voir même de censurer certaines de leurs œuvres. Les graffeurs doivent donc compter sur eux-même pour trouver des endroits où travailler. Car si on peut trouver des toiles et des feuilles de papier en grande quantité, ce n'est pas le cas des murs.
Pour remédier à cela, Fortune et d'autres artistes ont mis en place l'association ASARUE qui soutient le graff à Rennes. Le site de l'association répertorie les espaces urbains libres et met en contact les artistes entre eux.
En attendant que la ville accorde des fonds pour aider les artistes de Rennes, l'ASARUE organise le 30 juin de 12h à 22h dans ses locaux un festival avec 30 graffeurs, 10 DJs et des riders de BMX et de skate.