Depuis le 16 septembre, les manifestations se multiplient en Iran pour dénoncer la mort de Mahsa Amini, suite à son arrestation par la police des mœurs pour « port de vêtement inapproprié ». Victime de la brutalité d’un système, Mahsa Amini est devenue le symbole d’une révolte qui, bien que réprimée, ne cesse de prendre de l’ampleur. À travers elle, c’est donc tout un régime qui est contesté par la population iranienne. Pour comprendre les enjeux de cette mobilisation, nous avons rencontré P., iranienne et habitante de Rennes depuis 2017.
La mobilisation en Iran ne faiblit pas, et ce malgré un lourd premier bilan officiel : selon Iran Human Rights, 108 personnes sont mortes, et environ 1200 manifestant.e.s ont été arrêté.e.s. Pour P., le peuple iranien est livré à lui-même.
« On a eu des manifestations importantes depuis la révolution islamique (1979, ndlr) qui n'ont rien donné, malheureusement, parce qu’on n'a pas eu le soutien des autres gouvernements. Aujourd’hui, le peuple iranien a pris conscience que la révolte passait par le peuple. ». (P.)
La mort de Mahsa Amini est devenue le symbole de l’oppression systémique d’un régime qui réduit les femmes au silence. Dans les manifestations, les femmes sont pourtant au premier rang, et elles n'hésitent pas à apparaitre à visage découvert. En soutien à ces femmes, certain.es artistes iranien.nes chantent leur solidarité à la révolte en cours. Des chansons aujourd'hui largement reprises dans les manifestations. L’une d’entre elles, Baraye, a été entendue 40 millions de fois sur Instagram.
Son interprète, Shervin Hajipour, a été arrêté le 29 septembre. Son sort est aujourd'hui inconnu.
« Cette chanson résume les conditions de vie en Iran depuis 40 ans. Elle se termine par une phrase qu’on crie aujourd’hui : « la femme, la vie, la liberté. » Ce slogan rend l’importance que la femme a perdue depuis la révolution islamique. Il crie l’espoir qu’un jour on va récupérer la vie et la liberté, et que la femme va trouver sa place en Iran, comme dans le monde. » (P.)
Si les gouvernements internationaux ne répondent pas à ce jour aux revendications du peuple iranien, les citoyen.nes sont quant à elleux bien présent.es pour exprimer leur soutien aux femmes iraniennes. Dans plusieurs villes de France, de nombreuses mobilisations ont eu lieu depuis le 16 septembre. Des mobilisations nécessaires pour P.
« Pour moi, la France est pays de la liberté. C’est le pays de Marianne, d’Olympe de Gouges, des femmes qui se révoltent pour avoir droits égaux aux hommes. Je remercie les personnes qui se mobilisent ici. » (P.)
- Poème :
Bani Adam (« Les enfants d’Adam »), Saadi Shirazi, 1210
- Musiques :
-Baraye, Shervin Hajipour
-Reprise de Bella Ciao par une jeune iranienne
- Hommage à Mahsa Amini, Rouzbeh Emad