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Émission

Sforzando

Hommage à Penderecki

Animé par Hugo | Hugo à la technique

Sforzando 85 : Hommage à Penderecki

Emission du 26 avril 2020 :

Il ne fait pas bon se prénommer Christophe ou Krzysztof. Ces temps-ci… Je rends un rapide hommage au passage au chanteur français décédé récemment, bien que ce ne soit pas le sujet de ce post.

Je souhaitais m’attarder davantage pour le coup, sur le compositeur polonais, certainement l’une des plus grandes figures de la musique savante de ces soixante dernières années, décédé dans le silence assourdissant, mais désormais prévisible des médias français, lorsqu’il s’agit d’un artiste non « mainstream »

Passons l’affligeant live par Skype du JT de France 2 par un chanteur en mal de promotion, avec une qualité de son déplorable et un Laurent Delahousse en extase capillaire.

Et pour la presse qui a fait allusion au compositeur, on évitera d’aller plus loin que le titre de libé : « Penderecki, baguette tragique »… c’est ce titre qui est tragique… On préfèrera France Musique et Arte (heureusement qu’ils sont là) et la presse étrangère francophone, belge et canadienne, avec l’excellent article de Christophe Huss pour « Le Devoir » qui ne se contente pas de recopier la dépêche AFP comme les français, mais qui ajoute des infos de son cru (et c’est pas mal du tout !)

Alors la célébrissime œuvre de ce compositeur est bien sûr le bouleversant « Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima » pour orchestre à cordes. Vient juste après, le Requiem Polonais, œuvre phare de la 2ème partie créatrice de ce compositeur.

Car en effet, après avoir été l’enfant prodige de la musique avant-gardiste des années 60, Penderecki a amendé son style musical en se tournant vers le post-romantisme, faisant grincer les temps de certains de ses « coreligionnaires ». Ainsi, Lachenmann le surnommait « Penderadetsky »… Jeux de mot acerbe faisant référence à la marche de Radetsky…

On écoutera avec tension et émotion la Thrène qui utilise comme jamais le cluster sous toutes ses formes avec une efficacité toujours d’actualité, notamment dans l’utilisation polymorphe (pour reprendre un terme pendereckien) des cordes. L’équivalent vocal en est sans doute le « Dies Irae », composé à la mémoire des victimes d’Auschwitz. Toujours dans cette « première manière » la « Partita pour clavecin, guitare électrique, guitare basse, harpe et orchestre » est un saisissant climax des années 60 avec sa micropolyphonie digne de Ligeti. On comprend en écoutant cette musique que l’autre grand passetemps du compositeur était la création de paysage. Ainsi, il est le concepteur d’un grand labyrinthe végétal à Luslawice sa ville de Pologne… Les images de Shining de Kubrick nous arrivent vite… pourquoi ? eh bien peut-être parce que la musique entendue dans cette scène est composée par Penderecki… (la boucle labyrinthique se boucle…)

La passion selon Saint-Luc, œuvre de transition austère demeure également l’un des musts du compositeur. A partir des années 70, celui-ci se lance dans la composition de symphonies. Les œuvres sont d’un intérêt inégal, disons-le, mais demeurent une belle approche. Le coffret Naxos des symphonies paru en 2012 est un excellent achat. Antoni Wit avec les différents orchestres et interprètes polonais signe des interprétations magistrales de ces œuvres… le tout disponible à un prix plus que modique. Il ne manque que la 6ème symphonie, l’adieu au genre, achevé bien après les 7èmes et 8èmes. Mais quelques œuvres antérieures à la 1ère symphonie, comme le Thrène ou le Dies Irae et d’autres, rendent ce coffret tout à fait complet pour appréhender l’art de Penderecki

La 7ème, « Les sept portes de Jérusalem » en forment le sommet incontestable, où tout Penderecki se manifeste. Le post-romantisme ne renie pas les avancées expérimentales des sixties et, bien sûr, la dimension religieuse, indissociable de la pensée du compositeur y est omniprésente.

Pas étonnant que tant de cinéastes aient apprécié l’utilisation de sa musique !

Liste des extraits de l’émission

  • De Natura Sonoris n°2
  • Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima
  • Partita pour clavecin, guitare électrique, guitare basse, harpe, contrebasse et orchestre (début)
  • Stabat Mater, extrait de la Passion Selon Saint Luc
  • Symphonie n°3, Passacaille
  • Un Requiem polonais : extraits ( Dies irae, Agnus Dei)
  • Symphonie n°8 « Lieder der Vergänglichkeit » (extraits)
  • Symphonie n°7 « Les sept portes de Jérusalem » fin
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