Objets de débats politiques et sociétaux, les classes préparatoires ne finissent pas de nourrir fantasmes, jalousies et critiques. Il est un fait établi et qui est loin d'être une surprise : les classes préparatoires cristallisent à un degré élevé la perpétuation des inégalités sociales à l'école. Plus généralement, la formation scolaire des élites et la contribution du système scolaire à leur reproduction sociale ne constituent pas des sujets nouveaux en sciences sociales, il n'y a qu'à rappeler le célèbre ouvrage de Pierre Bourdieu "La noblesse d'État. Grandes écoles et esprit de corps" paru en 1989 aux Éditions de Minuit. Bourdieu convoquait alors toute son armature conceptuelle au service d'une lecture critique de la constitution sociale des classes dominantes et notamment dirigeantes. Des publications existent ici et là sur les grandes écoles et les classes préparatoires sans pourtant avoir été étudiées pour elles-mêmes. Si l'on comprend aujourd'hui très bien pourquoi certains, plus que d'autres, parviennent à y accéder et y réussir, la sociologie s'était encore un peu intéressée aux processus en jeu à l'intérieur des prépas et qui contribuent pourtant à expliquer la reproduction sociale des élites. Muriel Darmon est chercheure sociologue à l'EHESS. Elle a non seulement été l'auteure d'un très utile état des lieux des travaux sur la socialisation (2006) mais également d'un ouvrage sur l'anorexie (2008). En sa compagnie, tentons de comprendre ce que les prépas font à ceux qui les fréquentent.