La Note blanche est de retour sur les ondes et c'est avec joie que je vous retrouve pour de nouvelles aventures musicales ! Et pour cette émission, la Note blanche va tout d'abord vous faire voyager tout droit vers la Nouvelle-Orléans ! Et pourquoi la Nouvelle-Orléans ? Parce-qu'elle participe à la naissance du jazz bien avant les années 30 ! En effet, entre la guerre de Sécession et le début du XXe siècle, les Etats-Unis connurent des bouleversements radicaux. L'agriculture et la campagne cédèrent le pas à l'industrie et à la ville. La fin de la guerre vit l'abolition de l'esclavage, ce qui entraîna la migration de nombreux afro-américains vers les grandes villes du Nord. La vie était alors bien plus simple qu'aujourd'hui. Les bateaux à aubes, les voitures à chevaux et les lampes à gaz n'avaient pas encore disparu pour laisser place aux automobiles, aux avions et à l'électricité. Les villes américaines accueillaient de plus en plus de personnes de cultures ethniques différentes, mais aucune ne le faisait avec plus de chaleur et de convivialité que la Nouvelle-Orléans. Fondée par les français, elle avait connu la domination espagnole avant de devenir américaine. Afro-américains, français, espagnols et amérindiens s'y mélangeaient plus facilement que dans les autres villes, et l'atmosphère était propice aux échanges culturels, ce qui donna lieu à l'invention de nouvelles formes d'expression. C'est dans ce sympathique gumbo qui est soit dit en passant, un mélange de blues, de spirituals et de works songs qui étaient des chansons rythmant le travail dans les champs. Puis, s'ajoutèrent à cela, des influences et des instruments venus d'Europe, notamment des cuivres. L'improvisation fut dès le départ un de ses éléments essentiels. L'improvisation qui est, je le rappelle, l'invention spontanée de rythmes et de mélodies caractéristiques de la musique africaine. Avec son histoire marquée par une tradition de mélange des races et des cultures, la Nouvelle-Orléans était l'endroit tout indiqué pour inventer le jazz. En effet, une population d'origines diverses comme la France, l'Espagne, l'Afrique, les Caraïbes et donc une atmosphère très très cosmopolite ! La musique africaine est arrivée à la Nouvelle-Orléans avec le commerce triangulaire. Les esclaves venaient directement d'Afrique, sachant que les premiers sont arrivés en Amérique dans l'Etat de Virginie en 1619. Nous pouvons également faire un détour par les Caraïbes où le commerce des esclaves étaient très actif en raison du climat de cet archipel, proche de celui d'Afrique de l'Ouest. Les premiers orchestres de jazz furent fondés sur le modèle des fanfares de la Nouvelle-Orléans qui participaient aux parades et jouaient lors de toutes les occasions comme les piques-niques, les enterrements ou les bals. Après la guerre de Sécession, les cuivres des orchestres militaires pullulèrent à la Nouvelle-Orléans et tombèrent dans les mains des Afro-américains. Dans la musique des fanfres on retrouve les éléments essentiels du jazz que sont l'improvisation, la polyrythmie et la syncope ! Et dès à présent, mettons cette histoire mouvementée en musique en commençant par le New Orleans Rhythm Kings !
Bon voyage en musique !