La Note Blanche fait sa rentrée ce soir en faisant un retour en arrière vers les véritables sources du jazz ! C'est la rentrée et il nous faut donc réviser un peu notre histoire avant de rentrer dans le vif de la musique afro-américaine ! Tout d'abord, sachez que le jazz est le produit d'une rencontre et d'une synthèse créatrice de la tradition européenne et de la tradition africaine. Les racines de son arbre généalogique plongent dans le continent blanc et dans le continent noir. Le tronc commun va surgir après 1619, après que les premiers esclaves eurent débarqué en Virginie. Les victimes de la traite qui n'étaient pas cent mille au début du XVII siècle, allaient atteindre le million cent plus tard. Ils venaient parfois du Mozambique, du Congo et de l'Angola. Mais pour les neuf dixèmes, des régions occidentales dessinent le golfe de Guinée, entre l'embouchure de l'Ogooué et celle de la Lopa. Ainsi l'esclavage brassa-t-il des ethnies diverses : d'une part les Thonga, Les Barumbi, et les Ovinbundu, puis d'autre part, les Kissi, les Baoulé, les Ashanti, etc ! Sur les navires des négriers, les captifs chantaient. En eux tremblaient le souvenir de cette Afrique qui associe depuis toujours la musique vocale aux expériences de la vie : naissances et deuils, jeux et prières, loisirs et travaux puis, guerres et amours. Les forçats emportaient avec eux les multiples tambours millénaires et ces instruments proprement africains qui sont le balafon ou le marimba, tous deux ancêtres du xylophone et du vibrapnone. Richard Waterman suppose que les caractères de cette musique noire préfiguraient alors quelqu'uns des aspects de ce que sera plus tard le jazz par l'absence de franchise dans l'émission des notes, par la fréquence des effets syncopés, par la construction sur ue série de temps régulièrement espacés évoquant toujours la danse. Au début du XIXe siècle, quelques milliers de ces Noirs étaient déjà initiés au choral protestant. Que leur gamme ait été préalablement pentatonique, il est certain que les Africains écrasaient par glissando les demi-tons qu'ils rencontraient dans les musiques d'Eglise. Les spirituals naquirent de ces usages africains multiples. Come par exemple l'inflexion, l'expression syncopée, le battement obsédant de la mesure et, l'applatissement des tierces et des septièmes. Il prirent forme aussi par la coutume, également africaine, du dialogue entre le récitant et l'auditoire qui celui-ci reprenant la phrase de celui-là bien avant même que le premier ne l'ait achevée. En effet, les Noirs inventèrent une espèce nouvelle du chant religieux sans pour autant abandonner totalement leur répertoire sacré...