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Émission

En Attendant Godard

807: Du Tourisme et de l'Etat

Animé par El Comandante Thomas, Thibaut, Doc Erwan | Ulysse et Margot à la technique

-Ouverture: "J’ai effectivement construit Une jeunesse allemande sur des enjeux de langages. J’ai pensé le film comme un mouvement continu d’étranglement du langage visuel et du langage parlé. On passe d’une polyphonie des formes, des genres, de toutes les possibles mises en images du réel à la forme sèche mais performative de la télévision, espace sans hors-champ, sans pensée, sans réflexion.

Le film commence par des prises de positions claires, offensives et argumentées, des paroles prononcées pour s’affirmer face au reste de la société, dans un moment où il est encore possible de poser des questions sans forcément avoir de réponses ; bref, on assiste à un exercice de pensée collective. Puis la parole commence à s’étioler. D’abord chez les futurs fondateurs de la RAF dont les discours deviennent de plus en plus idéologiques, mais aussi dans le camp de l’État, une fois la RAF fondée et ses militants passés en clandestinité. Là, en quelques années, on voit le discours changer, la parole et la pensée se réduire comme peau de chagrin. Et effectivement, ces discours ont beau être clairs et simples, pour ne pas dire simplistes, leur répétition les fait passer du côté du bruit, d’un continuum obscène de petites phrases et de petites pensées. C’est le règne de la bêtise qui advient et son trône est la télévision. Même si en Allemagne de l’Ouest, les plus grands intellectuels d’alors réagissent contre cette dévastation, leurs voix ne peuvent plus être entendues, elles sont devenues inefficaces. Aujourd’hui, nous en sommes encore là, et cet écheveau de bêtises reste d’une efficacité redoutable.

À la fin, le film tente une hypothèse, celle du cinéma avec l’extrait de Fassbinder tiré de L’Allemagne en automne, puis avec le générique sonore des étudiants. Le cinéma ne peut pas contrer la machine discursive de la télévision, mais il est pourtant nécessaire. Il a au moins la grâce de rester du côté de l’humanité dans ce qu’elle a de plus fragile. L’Allemagne en automne fut un des éléments déclencheurs pour moi, car ce film contredit de plein fouet l’histoire officielle de la RAF. Critique envers l’État, plein d’empathie pour les membres de la RAF morts en prison, un tel film aujourd’hui serait impossible. Il serait probablement censuré pour apologie du terrorisme. Quand je l’ai vu, je me suis vraiment demandé comment tous ces réalisateurs avaient pu faire ce film. Si les membres de la RAF étaient des « terroristes » comme on les avait désignés, pourquoi avoir fait ce film ? Parce qu’il offrait un portrait très dissonant, parce qu’il ouvrait de multiples questions, ce film m’a donné envie de comprendre cette histoire et ses enjeux". Extrait d'un entretien avec Jean-Gabriel Périot mené par Matthieu Bareyre pour la revue Débordements à l'occasion de la sortie d'Une jeunesse allemande. 13/10/15.

 

 

-Une jeunesse allemande (Périot) (7.5/10) (Erwan)

 

-Aloha (Crowe) (7.8/10) (Rédaction) [Film non distribué en salle mais notamment disponible sur Netflix]

 

-La Théorie des dominos (Kramer) (4/10) (Rédaction) [DVD / Blu-ray Elephant Films]

 

 

-Les coups de coeur de la semaine:

         -Erwan: La nuit sera noire et blanche. Barthes, La Chambre claire, le cinéma (Narboni) et Le Chant d'une île (Punto / Leonel) [Film non exploité à Rennes]

          -Mathieu: My Darling Clementine (Ford), The Point (Wolf) et hommage à Djibril

          -Thibaut: Black Mirror (la série TV), Aloha (Crowe) et hommage au Djib

          -Thomas: La Beauté du diable (Clair)

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