-Ouverture: "J’ai l’impression qu’il y a eu une transformation esthétique des ruines après 1855, date à laquelle est publié le livre de Huzar. Les ruines existaient comme motif depuis bien longtemps, mais jusqu’aux romantiques elles ne servaient qu’à figurer le passé, à rappeler le sujet contemplatif et mélancolique au souvenir du révolu. Huzar marque un point de rupture. Il est l’un des premiers à réfléchir sur l’avenir de la civilisation technologique et à prévoir, dès le milieu du XIXè siècle, d’inévitables catastrophes, qui, certes, ne sont pas celles auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui (par exemple, il se demande si à force de creuser les sols pour en extraire du charbon on ne va pas finir par déséquilibrer l’axe de la terre), mais témoignent déjà d’un certain esprit de « futur au carré ». Les ruines, du coup, changent de sens : elles deviennent signes d’un probable avenir plutôt que du passé. Juste après la publication de La Fin du monde par la science, qui à l’époque a eu un grand retentissement, on voit apparaître plein de petites nouvelles, qui ont été complètement oubliées : Jospeh Méry, Les Ruines de Paris, 1856 ; Alfred Bonnardot, Archéopolis, 1858 ; Hyppolite Mettais, L’an 5865 ou Paris dans quatre mille ans, 1865 ; Eugène Mouton, La fin du monde, 1872 ; ou encore Alfred Franklin, Les ruines de Paris en 4875, documents officiels et inédits, 1875. Elles mettent en scène la visite de civilisations barbares dans les ruines de grandes villes détruites par des catastrophes renvoyant à des causalités huzariennes. Dans Archéopolis, par exemple, l’auteur explique que la multiplication des fils télégraphiques et des chemins de fer détraque l’électricité du globe et donc le climat. Les notes préparatoires de Bouvard et Pécuchet ont révélé que Flaubert avait prévu de consacrer le dernier chapitre du livre à la fin des temps et à la crise de la science, en mettant Huzar en bonne place. Une célèbre gravure de Gustave Doré montre un néozélandais contemplant les ruines de l’ombre. Enfin, un bref récit de Jules Verne, « L’éternel Adam », dont on ne sait pas si c’est vraiment lui ou bien son fils qui l’a écrit, raconte l’histoire d’un savant du futur découvrant les vestiges de notre civilisation technologique. Le post-apo, dès sa naissance au milieu du XIXe siècle, a donc déjà une origine écologique, et ce sont bien ces œuvres qui représentent l’archéologie du spectacle hollywoodien. Ce à quoi peut servir l’histoire, en matière d’écologie, c’est rappeler l’ancienneté d’un souci, d’une préoccupation. Cela pour montrer qu’ils ne déclenchent pas automatiquement de stratégies de sauvetage." Extrait d'un entretien avec Jean-Baptiste Fressoz, mené par Gabriel Bortzmeyer pour la revue Débordements. "Cinécologie, épisode 2 - Ecran carbone".
-Histoire de Judas (Ameur-Zaïmeche) (4.3/10) (Rédaction)
-Lost River (Gosling) (5.8/10) (Rédaction)
-Godard Vif (Séguret) [G3J éditeur] (Erwan)
Pas d'émission la semaine prochaine. On se retrouve le mardi 28 avril.
Les coups de coeur de la semaine:
-Erwan: Amère victoire (Ray) et For Ever Mozart (Godard)
-Docteur Erwan: Bron Saisons 1 et 2
-Thibaut: Benoît Debie, sa vie, son oeuvre
-Thomas: Cosa facil (Taibo II)